... (Écouter) est une forme topographique de relief positif, à la surface de planètes telluriques, et faisant partie d'un ensemble - une chaîne de montagnes - ou formant un relief isolé. Elle est caractérisée par son altitude et, plus généralement, par sa hauteur relative, voire par sa pente. Il n'existe toutefois pas de définition unique de ce qu'est une montagne, terme apparu entre le xe et le xiie siècle, et de nombreux régionalismes coexistent pour décrire les formes de relief. Elle peut désigner à la fois un sommet pentu et une simple élévation de terrain, comme une colline, aussi bien que le milieu dans son ensemble. Les montagnes prennent en effet des formes très diverses en fonction des processus qui mènent à leur orogenèse : des escarpements de marges continentales et rifts en domaine extensif, aux chaînes de collision et plissement, en passant par les phases de subduction créant des volcans de type explosif en arcs insulaires ou le long de cordillères, sans oublier le volcanisme de point chaud de type effusif ni les intrusions mises au jour par l'érosion. Le climat qu'elles subissent, avec des températures en moyenne plus basses et des précipitations plus importantes qu'en plaine du fait de l'altitude, joue également un rôle important dans leur façonnement. Avec l'isostasie, les montagnes connaissent des phénomènes de surrection et d'amincissement crustal qui mènent, à terme, à leur disparition. Les plus anciennes chaînes de montagnes sur Terre datent du Paléozoïque.
En raison de leur climat spécifique, généralement marqué par un étagement altitudinal, et de leurs pentes difficiles d'accès rendant impossible une exploitation intensive, les montagnes abritent une grande variété d'écosystèmes et une importante biodiversité. De nombreuses espèces animales y trouvent une pression écologique moindre. De ce fait, près du tiers des zones protégées dans le monde se trouvent en montagne. Bien qu'elles soient une source d'eau douce indispensable, les zones montagneuses sont souvent considérées comme rudes ou demandent des efforts d'adaptation importants de la part des populations humaines.
Les montagnes, demeures supposées de nombreuses divinités, ont longtemps inspiré de la crainte aux êtres humains et restent largement méconnues jusqu'aux premières études scientifiques sérieuses au xviiie siècle. À partir de cette époque, leur représentation artistique devient plus réaliste. Par la suite, elles sont l'objet de conquêtes avec l'avènement de l'alpinisme. Elles sont au cœur du développement de l'hydroélectricité à la fin du xixe siècle. Dès lors, plus faciles d'accès, elles s'ouvrent au tourisme, en premier lieu à celui des sports d'hiver, qui bouleverse souvent les paysages des montagnes des régions tempérées, mais également en dehors de la saison hivernale à la randonnée pédestre voire au trekking, dont la pratique est proche de la nature.
Le mot « montagne » apparaît en gallo-roman au xiie siècle. Ainsi, il est employé dans la chanson de geste Pèlerinage de Charlemagne en 1150. Il provient de l'ancien français montaigne, dérivé du bas latin montanea, féminin substantivé de l'adjectif montaneus, altération du latin classique montanus, littéralement « relatif à la montagne ». Dans le cartulaire de Sauxillanges, daté de 989 à 994, dans le Livradois, on trouve montana. En 1678, Charles du Fresne, sieur du Cange, dans son Glossarium mediæ et infimæ latinitatis, atteste la forme montania, notamment en Cerdagne en 1035. Il rapporte aussi les emplois de montanea par Pierre Tudebode dans Historia de Hierosolymitano itinere et Baudri de Bourgueil dans Historia Jerosolimitana (livres 3 et 4, réunis dans le Recueil des historiens des croisades), et par Orderic Vital dans Histoire ecclésiastique (livre 9), entre la fin du xie et le début du xiie siècle1. Ces formes deviennent donc concurrentes de « mont », issu du latin mons, montem et préexistant à « montagne ». L'adjectif « montagneux » naît sous la plume de Jean de Meung en 1284. Le mot « montagnette » apparaît au xve siècle dans une tentative de distinguer des formes de relief en fonction de leur hauteur1.
Au xiiie siècle, en Auvergne, la montagne désigne aussi bien la basse et la moyenne montagne que les pâturages, à l'instar de l'alpe1. Dans la péninsule Ibérique, c'est également un terrain de chasse, alors qu'en Europe centrale, c'est une zone minière1.
Outre une forme de relief, statique, la montagne reflète également une forme de mouvement, sans doute sous l'influence du verbe latin populaire montare qui a engendré en ancien français le verbe « (re)monter » ou la « montée » au xiie siècle, éliminant au passage la forme plus noble issue d'ascendere, laissant seulement le substantif français « ascension ». Les montagnes sont définies ici comme un espace géographique de migration. La montagne est le lieu où l'on monte, soit de manière saisonnière, par exemple pour l'estive des éleveurs ou un hivernage de bûcheron, soit occasionnellement, comme sur le chemin d'une fuite ou d'un voyage. Au xiie siècle, montain et montagnier qualifient la faune, selon le fauconnier, et les habitants qui vivent en montagne. Les verbes enmontagner ou démontagner sont employés pour décrire l'activité de déménagement des montignons ou montagnards au xvie siècle.
Au sens figuré, une montagne indique un amoncellement : une montagne d'objets, de richesses, de difficultés. Il désigne selon le lieu ou la relation engagée, la valeur, le prix, le nombre, la valeur morale, l'intérêt, le taux d'emprunt. En ce sens, les formes verbales ont été mieux préservées en français, à l'instar du verbe « surmonter » attesté par Philippe de Thaon au xiie siècle, dans l'expression « le montant d'une somme » ou « monter un budget » lorsqu'une situation est délicate ...