... est un lieu durablement et hypothétiquement aménagé où l'on cultive de façon ordonnée des plantes domestiquées ou sélectionnées. Il est le produit de la technique du jardinage et, comme elle, il remonte au moins à l'Antiquité. Les différentes cultures humaines dans le monde, au fil des époques, ont inventé de nombreux types et styles de jardins. Lieux d'agrément, de repos, de rêverie solitaire ou partagée, les jardins ont aussi été revêtus dès l'Antiquité d'une valeur symbolique. Ils apparaissent dans les mythologies et les religions, et ils ont été fréquemment évoqués dans les arts.
Le terme jardin est attesté au xiie siècle au sens de « terrain, généralement clos, où l'on cultive des végétaux utiles ou d'agrément » (Grand mal fit Adam, éd. H. Suchier, 88). Il remonte à un gallo-roman hortus gardinus (autrement HORTU GARDINU, gardinium étant attesté au ixe siècle en latin médiéval), ce qui signifie littéralement « jardin entouré d'une clôture », composé du latin hortus « jardin » et du vieux bas francique gart ou gardo « clôture » (d'où l'ancien français jart, gart « jardin » et le russe город, gorot)1. Le terme vieux bas francique, langue non attestée, est reconstitué d'après le vieux haut allemand gart, garto « jardin », l'ancien néerlandais gaert et le gotique garda1. Cette étymologie suggère que le jardin se doit d'être clos pour être protégé de l'extérieur et bien entretenu à l'intérieur.
Le mot s'est diffusé dans les autres langues romanes à partir du français jardin, ainsi qu'en anglais (garden) via le normand gardin, semblable au picard gardin.
Au sens actuel un jardin comprend 3 composantes qui sont simultanément présentes :
1. la notion d'aménagement durable de l'espace : dans, proche ou extérieur à l'habitation, clos ou délimité, aménagé d'équipements hydrauliques, d'entretien, d'aides à la végétation comme les pots horticoles, de circulations, de meubles, d'objets d'art, de constructions fonctionnelles ou décoratives. L'aménagement a généralement un caractère pérenne car les jardins sont spécialement destinés à cultiver des plantes vivaces, des arbres, qui sont durablement présents, mais les jardins peuvent aussi être saisonniers dans les pays à saisons marquées, ou fugaces.
2. la notion de culture des végétaux signifie que les végétaux ont pour le moins été sélectionnés intentionnellement, naturalisés, ou plus communément sont des plantes qui ont subi une domestication, l'objet de nombreux jardins est l'étude, la conservation ou la production de végétaux ou de sous produits végétaux. Ces végétaux peuvent être des fleurs, des légumes, des arbres fruitiers ou d’ornement, des plantes médicinales ou utilitaires. Le terme jardin est également accepté pour un espace clos constituant un décor entièrement minéral typique du jardin japonais, où la notion de culture des végétaux est repoussée à l'environnement.
3. la notion d'ordonnance qui signifie qu'un jardin est toujours organisé. Philippe Descola, observant les Indiens Achuar, définit le jardin comme une « anti-forêt », exhibant la « maîtrise dans la destruction du naturel ».
Les jardins sont attestés dans toutes les zones de domestication des plantes où ils sont des lieux plus sophistiqués que les champs ou les prés. La question du lien entre jardin et sédentarisation est complexe, il existe des formes rudimentaires de jardins chez les nomades... alors de nombreux sédentaires ne jardinent pas et bétonnent leur jardinets. La règle esthétique quasi unique des jardins de climat méditerranéen était, depuis les origines, l'alignement. Elle est restée inchangée jusqu'au xixe siècle dans les jardins perses. La règle des jardins chinois est l'évocation. L'ordonnance des vergers et potagers en planches ou carrés est justifiée par les besoins d'entretien, sanitaire et de production.
Une friche n'est pas un jardin, même si elle est un ancien jardin à l'abandon. La notion de jardin suppose un minimum d'attention, y compris pour ce qu'il est convenu d'appeler jardin sauvage ou naturel qui sont des jardins où on laisse pousser des plantes spontanées.
Lorsque les jardins sont utilisés pour produire de légumes ou de fruits, on parle alors de « jardin potager » ou « verger ». Dès la révolution néolithique proche orientale, les jardiniers cultivent également des plantes parfumées, condimentaires, médicinales, tinctoriales, utilitaires. Le mot jardin est utilisé pour les champs de théiers. L'anthropologue anglais Jack Goody a décrit et analysé la place occupée par la culture des fleurs au sein de nombreuses sociétés ou communautés, le plus souvent dans des parcs et des jardins ...